Be a (hu)man

On est la semaine qui suit le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes.

Chaque année, je me dis que c’est important d’écrire quelque chose à ce sujet – un des messages des Equilibristes, c’est quand même l’empouvoirement des femmes.

Cette année, j’ai laissé filer la date, noyée sous tous les messages autour de cette date importante. Mais l’inspiration m’est tombée dessus le 10 mars.

Elle m’est venue d’une amie chère, qui m’a raconté une mésaventure qui lui est arrivée au bureau. Une mésaventure qui ressemble un peu trop à des choses que j’ai déjà entendues, vues et vécues.

La semaine dernière, mon amie s’est faite insulter en plein open space par son supérieur hiérarchique. Vous ne la connaissez pas, vous ne connaissez pas le contexte, mais faites-moi confiance, elle ne l’avait vraiment pas cherché (et puis d’ailleurs c’est bête de dire ça, on n’insulte pas quelqu’un en open space, point).

La réponse du leader à qui elle a été raconter ce qui s’était passé : « Bah oui, c’est pas terrible, mais c’est vrai qu’il est stressé en ce moment ».

Et surtout « Mais ne le prends pas aussi mal, il faut que tu t’habitues à ce genre de choses, tu as une carrière prometteuse et ça pourra t’arriver à nouveau ».

Et puis « Ne lui tiens pas tête, comme ça il ne pourra pas te faire passer pour celle qui n’a pas les épaules ».

Je vous ai déjà parlé de mon optimisme à voir des valeurs comme l’empathie de plus en plus visiblement mises en avant par des leaders. Mais là, c’est plutôt la colère qui m’a envahie.

Vous n’avez pas pu passer à côté de la vidéo de Paul McLean pour le magazine GirlsGirlsGirls. Cynthia Nixon, superbe, mitraille toutes les injonctions, bien souvent contradictoires, faites aux femmes.

En ce moment, on parle beaucoup des femmes qui « se lèvent et se cassent », comme Adèle Haenel, le soir des César.

J’aimerais qu’on parle aussi de cette violence banalisée dans le milieu professionnel.
Cette inversion des responsabilités, où on demande à l’agressée de s’adapter à celui qui ne sait pas se tenir, qui se permet de se lâcher, qui manque à tous ses devoirs de professionnalisme et de respect de base.

On ne tolérerait pas ça d’une femme. On la traiterait d’hystérique, on imaginerait qu’elle a ses règles, on lui conseillerait de se calmer.

Be a lady, scande Cynthia Nixon.

J’en ai d’autres à rajouter à sa liste : toughen up, you’re too sensitive, don’t be so naïve, why are you so hurt?, don’t show your feelings, ignore them.

Be a (hu)man, j’ai envie de dire aux hommes qui se comportent encore aussi mal.

Be a (hu)man, j’ai envie de dire à ceux qui ne font preuve d’aucun courage, ne prennent pas leur responsabilité de leader, ne condamnent pas le manque de respect. Qui, pour le coup, n’ont vraiment pas les épaules.

C’était mon coup de gueule du 11 mars. Ou plutôt mon cri de sororité pour cette amie, et toutes les autres qui font avec, s’adaptent, prennent sur elle. Time’s up pour ça aussi.

En avant les Équilibristes !
Sandra

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