Dress for success

Salut chères et chers Équilibristes,

Comment allez-vous ? Vous gardez le cap, la tête hors de l’eau, le moral ? Je l’espère, sincèrement.

Un peu de légèreté cette semaine (mais pas tant que ça, vous verrez…). Je vous embarque…

Avril 2004 : Je me promène dans les rues de Düsseldorf, où je suis venue pour la journée depuis Lyon pour passer un entretien pour un stage dans un cabinet de conseil (vous savez, du temps où ‘sauter dans un avion’ was a thing). Très sérieux le cabinet de conseil. J’ai 20 ans, l’intuition que la stratégie, ça va m’intéresser, et une grande envie de vivre en Allemagne pour ces quelques mois de stage. L’entretien en allemand se passe très bien, ils me font comprendre que ma candidature les intéresse. Et puis en partant, cette remarque « En revanche, il faudra revoir votre tenue. Ici c’est tailleur noir ou gris. » Ouch… Ah bon ? L’entretien, mon pantalon de tailleur noir et mon pull on-ne-peut-plus-classique ne suffisent pas à montrer mon sérieux/ma motivation/mes compétences ? Je passe un autre entretien, à Munich et je choisis cette expérience-là – la ville m’a plu, et je n’aurai pas besoin de me déguiser pour aller travailler.

Mars 2009 : Je m’apprête à présenter devant une centaine de commerciaux le lancement de la gamme bébé sur lequel je travaille depuis des mois. J’adore les présentations, transmettre l’énergie à mes collègues, les convaincre qu’ils vont adorer vendre cette gamme. Question de ma chef de l’époque : « Comment tu comptes t’habiller ? Parce que, tu sais, ils ne retiendront pas ce que tu as dit mais ce que tu portais ». Ah bon ? Bah zut, j’espère un peu des deux quand même…

2015 : Je porte beaucoup de foulards et d’écharpes. Pourquoi ? Parce qu’il m’arrive régulièrement d’arriver au bureau et de me rendre compte que j’ai une tâche de lait (ou autre substance non identifiée) sur ma veste. Et je n’ai pas mon arsenal de détachants sur moi. Une écharpe bien placée, et hop, plus de problème. Je me rends compte aussi que ma garde-robe s’est transformée – beaucoup plus de noir, beaucoup moins de fantaisie. Bah oui, je suis directrice marketing, je suis une femme, je suis jeune et j’ai un bébé. Je ne vais pas en rajouter une couche en portant des fleurs. Si ?

Janvier 2016 : Comme chaque mois de janvier depuis quelques années, je suis à Dubaï pour le plus gros salon de l’industrie dans laquelle je travaille. Cette année, je dois présenter la stratégie à nos distributeurs de la zone Moyen Orient. Tout est prêt… sauf ma valise qui n’arrive pas à destination. Je me retrouve avec mon jean de voyage, mes baskets et un t-shirt au logo de notre entreprise à réseauter avec mes collègues. Femme + jeune + jean + baskets + t-shirt = on me demande à plusieurs reprises où sont les toilettes. Et je vois les yeux écarquillés quand je monte sur scène pour prendre la parole. Je prends cela avec beaucoup d’humour, mais dans le fond, je vois bien que mes propos n’ont pas la même portée que si j’avais pu endosser le costume attendu de la Directrice Marketing.

Alors, l’habit fait-il le moine ? Ou plutôt, le combo tailleur + talons est-il inévitable ? Est-ce que je suis moins crédible avec une tenue colorée, fleurie, à imprimés ou des boucles d’oreilles fantaisie ?

Je suis certaine que vous qui me lisez avez aussi des anecdotes de cet ordre-là. Et on a tous en tête des exemples de femmes politiques, en France, qui ont vécu les moqueries, la décrédibilisation, à cause de leurs choix vestimentaires, de coiffure. Injuste, déplacé, d’un autre temps, c’est sûr.

Mais avec le temps, j’ai appris à me servir des vêtements comme d’un outil au service du message que je cherchais à transmettre. A partir en voyage pour le boulot avec une valise bien remplie, pour être parée à toutes les éventualités (et surtout, toujours, toujours avec une tenue de rechange dans mon bagage cabine en cas de non-arrivage de valise). Une forme de manipulation, peut-être, mais sans aucune intention de nuire. Je veille à ne jamais me déguiser, à rester fidèle à qui je suis, mais je sais que j’ai accès à une palette d’options à choisir en fonction de ce que je vais faire ce jour-là, comment j’ai envie de me sentir, qui seront mes interlocuteurs. Plutôt que de m’en sentir victime, je le prends comme un jeu.

Et là, présentement, je vous écris en jean/chaussons & chemisier en soie fleuri.

Toujours le &. Il est sacrément important celui-là.

Et en parlant de tenue confortable, j’ai une annonce à vous faire. Réservez votre jeudi 3 décembre : à 21h, j’organise un live sous forme de « fireside chat » avec Siham Jibril du formidable podcast Génération xx sur le thème de l’exploration. J’ai une grande admiration pour le travail de Siham, ce qu’elle a construit ces dernières années avec Génération xx, et quand j’ai commencé à penser à ce thème de l’exploration, qui m’est si cher et au cœur de ce que j’essaie de défendre avec Les Équilibristes, j’ai pensé à elle pour venir en parler. Si vous ne connaissez pas encore son podcast, ça vous laisse un peu de temps pour aller le découvrir (l’épisode #89 ‘et maintenant’, paru post-confinement n°1, m’a bouleversée). Je vous enverrai toutes les infos pour vous connecter dans les semaines qui viennent, mais réservez d’ores et déjà votre soirée, votre plaid, votre tisane et tout ce qui vous mettra à l’aise pour passer un bon moment avec nous.

Dernière chose avant de vous laisser : la semaine dernière est parue l’interview que j’ai faite pour le media Les Louves sur le thème « Travail et maternité : si on arrêtait de culpabiliser ? » - un thème qui fait écho pour beaucoup d’entre vous (mais pas toutes, veinardes ;-)). J’y ai parlé de ce que j’ai appris ces dernières années, en parlant avec des Équilibristes, et en cheminant personnellement. Et on parle aussi des papas. L’article est ici ! Et profitez-en pour parcourir le site des Louves, j’aime particulièrement leurs éditos, très justes – et vous aviez entendu Marion, un des co-fondatrices, parler de son burnout maternel dans l’épisode 30.

Bonne journée les Équilibristes !

A la semaine prochaine pour un nouvel épisode – on y parle d’un modèle de leadership inhabituel, ça devrait vous plaire.

Prenez bien soin de vous,
Sandra

 

PS : merci pour vos contributions à la playlist collaborative « Ce qui fait du bien aux Equilibristes ! » sur Spotify. Vraiment chouette de découvrir ce qui vous fait du bien, et le mélange éclectique me met en joie ! Allez y jeter une oreille et rajouter votre pierre à l’édifice

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