On / off (et tout ce qu’il y a entre les deux)
Mes chères et chers Équilibristes,
Il y a quelques années, dans l’entreprise où je travaillais, le patron n’appréciait pas du tout le mois de mai et sa farandole de ponts et longs week-ends. Il pestait contre l’inertie qu’ils entraînaient, le manque de motivation des équipes, la difficulté à se remobiliser. Ça nous faisait rire, nous, les équipes. On les aimait bien, nous, les ponts.
J’avoue que depuis que je suis à mon compte, je vois les choses d’un autre œil. J’apprécie cet avant-goût de vacances, les dimanches à répétition, et c’est aussi un mois que je redoute un peu. En plein planning de mon année, je me suis même surprise à ne pas compter le mois de mai, comme s’il n’y avait qu’un vortex temporel entre avril et juin.
Bien sûr qu’il y a quelque chose entre avril et juin. Et ce mois de mai si... haché, troué, gruyéré ?... m’a amenée à réfléchir aux transitions. Au temps de travail et au temps off. Et à tout ce qu’il y a entre les deux.
Ces dernières années, je me suis rendue compte que l’entre-deux ne me convient pas. Je ne sais pas travailler avec mes enfants à côté de moi. Mauvais souvenirs des confinements sûrement.
Toujours est-il que je fais partie des personnes qui cloisonnent pas mal : quand je travaille, je travaille, et quand je suis en weekend ou en congés, je ne travaille pas, hors rares exceptions.
J’ai besoin d’être vraiment dans ce que je suis en train de faire, à fond, sous peine de ressentir une très désagréable sensation de dispersion et de fatigue.
Vous savez que dans Les Équilibristes, on aime explorer les différentes manières de faire, de vivre, de mêler travail et vie personnelle. Je fuis les injonctions et ai souvent envie d’aller questionner l’inverse quand une phrase commence par « il faut ». Mais il se trouve que sur la question du cloisonnement, plusieurs invités du podcast m’ont confirmé le bénéfice à être dans un domaine à la fois (dont Christophe André et Albert Moukheiber). L’expérimentation est un excellent moyen de se faire sa propre idée, pour soi : comment vous sentez-vous à la fin d’une journée où vous avez été pleinement dans un domaine ? A contrario, quand vous travaillez en faisant autre chose en même temps (surveiller vos enfants, assister à un cours de piano/judo/piscine), comment vous sentez-vous ? Curiosité plutôt que jugement.
J’ai écouté un podcast hier midi, une interview de Matthew McConaughey chez Marie Forleo (entrepreneure et coach américaine dont le travail m’aide beaucoup, je vous invite à suivre ce qu’elle fait si vous êtes entrepreneur·e ou avez un projet que vous voulez faire grandir). Dans cette interview, Matthew McConaughey raconte la manière dont il prend du temps avec et pour sa famille, les choix que lui et sa femme font, en particulier avant ses périodes de tournage ou d’écriture. Il dit faire le plein, de moments, de partages, avant d’aller se plonger dans son travail, avec l’encouragement de sa femme qui lui dit « Go be obsessed » (va t’immerger dans ton travail).
J’adore cette idée-là, très loin de l’image que l’on se fait de l’équilibre au quotidien. A fond en famille, à fond dans le travail. Le métier d’acteur l’exige, et ça leur convient.
(Au passage, cette interview est absolument géniale. J’ai failli décrocher, c’est parfois difficile à suivre au début – Matthew McConaughey est acteur jusque dans sa manière de parler de sa vie, son discours est très théâtral. Mais quelle vie romanesque ! Quelles leçons de vie ! Il a un fort accent texan, mais accrochez-vous, ça vaut le coup).
En parlant de métiers d’artistes, et de changement radical d’environnement entre le pro et le perso, l’interview de l’humoriste Karim Duval de la semaine dernière était un bien chouette moment.
Et vous, ça se passe comment ces « start & stop » du mois de mai ?
Take care mes Equilibristes, et à très bientôt,
Sandra