Et les hommes ?

L’équilibre des temps de vie, une question d’humains

Mes chères et chers Équilibristes,

« Et tu trouves ça bien que ce soit réservé aux femmes ? »

C’est la question que m’a posée mon amie la semaine dernière alors que nous dînions toutes les deux et que je lui parlais d’une mission pour un nouveau client.

La mission en question : différents formats (coachings, ateliers, conférences) pour un groupe de femmes identifiées comme talents dans leur entreprise.

J’étais fière et heureuse de lui parler de cette mission qui m’enthousiasme tant, me donne l’impression d’agir, d’aider, et sa question m’a piquée. Stoppée nette.

Parce qu’elle a appuyé sur une interrogation que j’ai depuis un moment, et que je n’ai pas fini de trancher : est-ce qu’on doit continuer de proposer des programmes pour accompagner spécifiquement les carrières des femmes ?

J’ai bien peur de faire du « & en même temps » en vous exposant ma réflexion, mais en même temps (😝) c’est un peu ma marque de fabrique. Alors c’est parti.

Ça fait maintenant quelques années que j’accompagne des groupes de femmes et que je suis témoin des conversations qui ont lieu dans ces moments, dans ces lieux. Certaines ne pourraient tout simplement pas avoir lieu si ces espaces étaient mixtes. L’expérience du travail reste, dans beaucoup de contextes, inégalitaire, pour ne pas dire franchement sexiste. J’ai chaque semaine des échanges avec des personnes qui en apportent des illustrations, dans tous les domaines, toutes les industries. Ces groupes de femmes leur fournissent un lieu où elles peuvent baisser les armes, où elles peuvent explorer, dans un sentiment de sécurité, des questions et vécus complexes.

Une fois qu’on a dit ça…

L’enjeu est de travailler ensemble. En créant les conditions qui permettront à chacun et chacune de faire du bon travail, dans un environnement de travail respectueux et sain.

Depuis le début des Équilibristes, j’ai tenté d’être la plus ouverte possible avec cette idée qui me tient à cœur : les sujets d’équilibre des temps de vie sont des sujets d’humains. Aujourd’hui, beaucoup plus de femmes que d’hommes écoutent. Mais ils sont bien là, et je me demande régulièrement comment leur parler aussi, comment m’assurer qu’ils se sentent invités à la conversation.

Ces sujets - d’équilibre, de place du travail et du reste de la vie - se posent de manière peut-être plus aigüe, plus visible pour les femmes. Pas besoin de revenir sur les chiffres qui parlent de l’inégale répartition de la charge domestique au sein des foyers, de la pénalité maternelle, etc… Ce sont des faits, documentés.

Mais ces sujets se posent aussi pour les hommes. Le fait qu’on les interroge moins sur le sujet me semble anachronique, déconnecté de leurs préoccupations du moment, et non pas le signe d’un désintérêt de leur part. S’ils se sentent moins légitimes pour aborder le sujet, une fois branchés (et leur carapace de « ça va, je gère », savamment peaufinée au fil des ans, ôtée – sans tomber dans les clichés de genre, c’est ce que j’observe souvent), ils ne sont pas moins bavards que les femmes sur les difficultés qu’ils rencontrent et les imbrications pro / perso dont ils rêvent.

Pour faire simple, je suis convaincue de ceci : pour que les femmes puissent prendre plus de place dans la sphère « économique », il faut que les hommes puissent prendre plus de place dans la sphère « domestique ».

Pour pouvoir travailler ensemble, il faut qu’on s’écoute et qu’on s’entende, et que les sujets évoqués dans ces conversations entre femmes soient aussi entendus par les hommes. Et qu’ils puissent eux aussi aborder ces questions, sans avoir l’impression d’être sur un territoire qui n’est pas le leur.

Sinon, est-ce qu’on ne contribue pas au problème en cherchant à le résoudre ?

Chaque contexte est (très) différent, et je ne crois pas qu’il n’y ait de réponse absolue à cette question.

Mais en ce qui concerne le programme de groupe que je vais lancer au mois de septembre (et dont je vous parlerai plus en détail le mois prochain), j’ai tranché : il sera ouvert à toutes et à tous. Merci Nathalie de m’avoir poussée à trancher dans ce sens avec ta question.

Vos avis sur ce sujet m’intéressent beaucoup !

Take care mes Equilibristes, et à très bientôt,

Sandra

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