A contre-courant
Salut les Équilibristes,
Comment ça va ?
Je commence cette lettre en vous partageant une nouvelle qui me réjouit, la fameuse collaboration dont je vous parlais la semaine dernière : j'ai la joie et l'honneur de rejoindre Le Lab, la toute nouvelle communauté d'expert.es de Welcome to the Jungle, qui invente le futur du travail. Je vous avais déjà partagé la tribune que j'avais écrite pour WTTJ - désormais, j'écrirai tous les mois un article pour partager points de vue, réflexions sur les sujets qui m'animent dans Les Equilibristes et Conscious Cultures : l'intégration pro/perso, l'adaptabilité du travail, le futur du travail.
Vous pourrez retrouver ma page dédiée ici et je vous invite à suivre les autres talentueux experts (dont ma chère Camille, que vous avez écoutée et tant appréciée dans l'épisode de la semaine dernière !).
J’ai des milliers d’idées de choses à vous partager, mais là, tout de suite, je voulais vous parler de poissons à contre-courant, de poissons dans un aquarium pensé pour d’autres poissons, et de nage à contre-courant.
(Et là, vous vous dites « elle nous demande si ça va, mais c’est à elle qu’il faut demander ça… »)
J’ai reçu tellement de messages et témoignages de femmes suite à l’épisode avec Céline Alix, que je voulais vous partager quelques observations et réflexions.
L’idée qui vous a le plus fait réagir, c’est celle d’un environnement de travail pensé par les (certains) hommes, pour les (certains) hommes, d’une certaine époque, dans un certain contexte. Périmé, pour reprendre le mot puissant de Céline.
En me baladant sur les réseaux, je suis choquée de voir le nombre de personnes (comprenez, femmes) en détresse (je pèse mes mots) pendant ce confinement / école à la maison / vacances / télétravail / garderie / gloubiboulga.
Pourquoi ? Parce que cette situation est un miroir grossissant de tout ce qui est déséquilibré à la base. Le cercle vicieux qui s’instaure : les femmes gagnant moins que les hommes en moyenne, la variable d’ajustement quand tout est sous pression (le temps, l’espace, la patience), c’est le travail des femmes.
C’est rationnel, d’une logique implacable. Et c’est ce qui a mené à des départs en masse de femmes du marché du travail américain ces derniers mois (où la plupart d’écoles n’avaient pas réouvert depuis plus d’un an…).
Ce qui me met en colère (et là je pense à ma chère Aude de Thuin qui raconte dans l’épisode qui lui est consacré à quel point la colère est un de ses moteurs pour entreprendre), c’est le manque d’actions de la part de certaines entreprises (pas toutes bien sûr, heureusement), dont les attentes n’ont pas bougé d’un pouce malgré les circonstances exceptionnelles que vivent leurs salarié.es.
Cette amie qui m’explique que l’entreprise de son mari n’a que des employés sans enfants, donc ils ne comprennent pas ce qu’il peut vivre et lui mettent la même pression qu’en temps normal.
Cette autre femme dont le mari est convoqué à des visios à 19h, avec caméra et son obligatoires.
Cette auditrice qui me partage son désarroi à répondre à des emails à 23h30, après une journée à s’occuper de ses enfants, parce que tous ses collègues masculins le font et que « c’est ce qui est attendu ».
Bien sûr que l’activité doit continuer à tourner, bien sûr qu’il y a des clients à servir.
Mais ne rien réorganiser, imposer le « business as usual », mettre des œillères et ne pas considérer qu’il y a un sujet à traiter, c’est non seulement destructeur pour les personnes concernées, mais aussi dommageable à terme pour l’entreprise. Ce qui l’attend ? Burnouts, désengagement, turnover et mauvaise réputation.
Revenons à nos poissons.
Pour toutes ces femmes, qui ont si souvent le sentiment de nager à contre-courant, point de salut hors entrepreneuriat ?
Sinon, la question à se poser est celle-ci : comment créer des aquariums favorables à tous les poissons ? En les écoutant, en se mettant à leur place, en osant imaginer des solutions différentes, en se lançant à les tester, quitte à changer de trajectoire. Bref, en réinterrogeant et en redessinant.
Et côté salarié.e, la responsabilité, le devoir de dire, de partager ses circonstances, de demander ce dont on a besoin. J'en reparlerai de ça, parce que je crois beaucoup à une approche par plusieurs angles quand on vise le changement. We don't know what we don't know.... donc jouons aussi individuellement un rôle pour provoquer le changement dont on a besoin, en présupposant que le manque de mesures reflète plus un manque de compréhension qu'un manque d'intérêt.
Il y a eu tellement de retours suite à l’épisode avec Céline, que nous sommes en train d'imaginer la possibilité de faire un live Q&R. Si ça vous intéresse, envoyez-moi vos questions, témoignages, par retour de mail, et je vous tiens au courant pour la suite.
J’espère que ma métaphore aquatique vous aura au moins diverti.es, et suis preneuse de vos témoignages à ce sujet. Vous savez que c’est ma mission avec Conscious Cultures de contribuer au changement dans les cultures et organisations du travail.
Dernière chose que je voulais vous partager : ma joie il y a quelques semaines, à parler de ma mission avec Conscious Cultures et Les Equilibristes sur le plateau de BSmart TV et à répondre aux questions d’Arnaud Ardoin. Merci pour vos messages d’encouragements et de soutien – une première en direct pour moi, et un plaisir dingue à parler de ces sujets si importants !
En avant les Équilibristes !
Sandra