"J'attends maman, j'attends papa, qui travaillent loin de la maison"
Salut chères et chers Équilibristes,
Vous la connaissez la chanson qui est en objet de ce mail ?
C’est Henri Dès qui la chante (cliquez à vos risques et périls, vous risquez de me détester après… mais ça vaut le coup quand même ;-))
Ma fille en a légèrement modifié les paroles depuis quelques semaines pour dire « J’attends maman qui travaille à son bureau ».
Une de mes craintes en ce moment, c’est que ces paroles deviennent obsolètes. Pas tant la partie concernant le papa, même si la crise économique qui guette a de quoi inquiéter. C’est surtout la partie concernant la maman.
Sous l’apparente légèreté de ma manière d’amener ce sujet, c’en est un vrai.
Cette semaine, nous sommes nombreux et nombreuses à avoir dû faire un choix : celui de renvoyer nos enfants à l’école ou de continuer à les garder à la maison dans les semaines qui viennent. Un vrai casse-tête, mais surtout, un arbitrage familial, personnel, voire intime.
Une auditrice des Équilibristes me partageait le fait qu’en Italie, les femmes vivaient la fermeture des écoles jusqu’en septembre comme une atteinte aux droits des femmes parce que dans de nombreux cas, ce sont les femmes qui gèrent la situation : assurent l’école à la maison, s’occupent des plus petits, renoncent à leur travail pour faire tourner la maison.
Et ce constat, on le retrouve un peu partout dans le monde, comme le constate cet épisode du podcast « Women at Work » du Harvard Business Review, justement intitulé « We’re beyond stretched ».
Quand le temps est si contraint, « something’s gotta give ». Et qu’est-ce qui cède ?
Bien souvent, le travail des femmes.
Je vous en partage une illustration, si parlante, lue dans l’excellente newsletter de Titiou Lecoq pour Slate : dans le milieu académique, les femmes ont soumis moins d’articles pour publication depuis le début du confinement, là où les hommes en ont soumis 50% de plus.
Et vous avez aussi lu comme moi les études montrant que la charge mentale a explosé en confinement (vous l’avez vécu surtout, hommes et femmes…) et le partage des tâches, pas franchement progressé.
C’est ma grande crainte, que je vous partageais dans une des premières newsletters du confinement : que les sujets des Équilibristes deviennent réservés à des privilégié.es, et que la question ne soit plus « Comment mieux intégrer vie personnelle et vie professionnelle pour que l’égalité femmes-hommes soit atteinte dans les entreprises ? » mais « Comment maintenir au moins un emploi dans le foyer ? ».
Mais plus je lis d’articles et entends de témoignages de femmes, d’hommes et d’entreprises, plus je suis convaincue que ces questions seront au contraire au cœur de la reprise :
- comment optimiser le télétravail pour en faire un levier de maintien de l’emploi, de performance et d’engagement des salarié.es ?
- comment démocratiser le job sharing, qui répond parfaitement aux enjeux de structures plus petites qui auront moins de budget pour certaines fonctions qui leur sont pourtant indispensables ?
- comment penser la place de chacun au travail et à la maison, en conscience (et la clé est là), pour éviter de repartir comme avant, ou de s’enliser dans des schémas qui ne nous conviennent plus. Réinterroger les choses. Ou comme dirait si joliment mon amie Elodie Caillaud, que vous avez entendue dans « Les Équilibristes changent de tempo » : recréer du mouvement là où c’est parfois figé.
Alors j’ai réfléchi à la suite des Équilibristes, à la lumière de la nouvelle réalité qui se profile, et que nous ne pouvons pas encore réellement saisir.
La mission des Équilibristes reste la même : favoriser une meilleure intégration des vies professionnelle et personnelle pour œuvrer à l’égalité femmes/hommes dans les entreprises, les organisations, et la société plus largement.
Je continuerai à en faire un sujet mixte, parce qu’il l’est par essence, et à explorer les 4 axes qui en font un sujet « mille-feuilles » si passionnant :
- Montrer celles et ceux qui ouvrent la voie et la voix, contrent les stéréotypes, vont là où on ne les attend pas
- Contribuer à changer la façon dont on pense et organise le travail, vers plus d’adaptabilité et de prise en compte du reste de la vie
- Aider à alléger la charge mentale, augmenter la confiance en soi, lever les freins internes, adoucir le quotidien chargé
- Relayer les idées de celles et ceux qui écrivent et pensent sur ces sujets
J’ai deux épisodes formidables « en stock », que je publierai dans les semaines qui viennent, et je reprends mes interviews selon les 4 axes présentés ici. Ce sera donc éclectique, comme ça l’était, voire plus - je ne conçois pas que l’on puisse « s’attaquer » à ce sujet sans le prendre par tous ces angles.
Ça vous va comme programme ?
Et pour terminer, je vous ouvre la question :
Qu’est-ce qui se passe pour vous ces jours-ci ?
Comment vous vous projetez dans l’après à inventer ?
Qu’est-ce qui a bien marché pour vous pendant le confinement et que vous souhaitez garder après ?
Dans la prochaine newsletter, je vous partage le résultat d’un sondage que j’avais lancé sur les besoins en adaptabilité du travail et les réponses des organisations. Ses enseignements sont riches, et donnent des pistes pour définir l’adaptabilité du travail, avec inventivité et pragmatisme. J’ai hâte d’avoir vos réactions.
Alors Henri, je réécris les paroles de ta chanson : « J’attends maman, j’attends papa, qui travaillent parfois à la maison, parfois loin de la maison, et au tempo qui leur convient bien, à eux et leur organisation, et de manière à rentrer à temps pour m’embrasser sans que je m’endorme devant la télé » (vous ne pouvez pas comprendre si vous n’avez pas écouté la chanson, et c’est long et ça ne rime pas – c’est pas pour rien que je n’écris pas des paroles de chansons).
Je pense bien à vous, et vous envoie courage et énergie pour les semaines à venir.
En avant Les Équilibristes !
Sandra
Bienvenue à celles et ceux qui ont rejoint cette liste de diffusion ces dernières semaines ! J’espère que le contenu vous intéressera, et suis toujours heureuse de recevoir vos retours & partages.