Morning routine (ou pas)
Mes chères et chers Équilibristes,
Ça doit être mon côté sceptique, cynique, critique, mais j’avoue être tantôt amusée, tantôt agacée par les partages en tout genre de « morning routines » quand on parle d’équilibre des temps de vie (et je ne parle même pas ici de « miracle morning », concept qui semble rigide et stratosphérique à l’équilibriste aimant dormir que je suis).
Même si je comprends que ça puisse inspirer ou donner des idées, savoir ce que font les autres, et dans quel ordre, avant d’entamer leur journée de travail m’intéresse assez peu, parce que, par définition, nos vies, nos goûts, nos contraintes sont tous différents.
Quel intérêt d’en parler alors ?
Ben justement. Cette semaine, j’ai été amenée à m’interroger sur les ingrédients d’une journée « réussie » alors que j’échangeais avec une journaliste sur des notions de focus, de concentration. Je dis « réussie » pour ne pas dire « efficace », « productive » ou un autre terme renvoyant à une notion de performance.
Et alors que je cherchais des infos sur le « monk mode », je suis tombée sur l’analyse de la « daily routine » de Benjamin Franklin, un des pères fondateurs des Etats-Unis, signataire de la Déclaration d’Indépendance. Au-delà du côté émouvant de découvrir à quoi ressemblait le quotidien d’un homme du 18ème siècle, et les mots qu’il utilisait, ce qui m’a frappée, c’est l’intemporalité de ce qu’il partageait : lever à 5h (bon, personne n’est parfait, on lui pardonne son miracle morning), travail de 8h à 12h, déjeuner de 12h à 14h, travail jusqu’à 18h, détente jusqu’à 22h, puis dodo.
Un temps pour chaque chose : le soin de soi, le travail, l’alimentation, le repos, la détente.
Simple.
Allez jeter un œil à son agenda – ce qui s’en dégage, c’est la sérénité. Il y a du temps : pour décanter, pour réfléchir. Rien à voir avec nos plannings au chausse-pied contemporains.
J’ai animé la semaine dernière un atelier pour un client sur la thématique du rythme soutenable, durable et ai encore été frappée par la frénésie collective que les participants évoquaient, le cortisol et l’urgence permanents (et si vous croyez être seuls à le vivre, j’ai les mêmes conversations avec des coiffeurs, des médecins, et des contrôleurs de gestion, je vous assure).
On vit une époque marrante : on met des mots sophistiqués sur des pratiques toutes simples, que l’on croit découvrir alors que nos aînés les pratiquaient spontanément, sans chichi, parce que ça marchait.
Alors l’invitation de cette lettre est la suivante : finissez de lire cette lettre, fermez vos mails, allez jeter un œil à votre planning, et rajoutez du mou. Démarrez la journée plus tard, prenez une plus longue pause déjeuner, prévoyez de vous coucher plus tôt. Rajoutez du temps de repos, de connexion avec ceux que vous aimez. Pas besoin de routine définie, tout fluctue, mais d’un peu plus de mou, de coussins pour absorber, ça oui.
Je vous reparlerai de focus et de discipline une prochaine fois, parce que ça compte beaucoup quand on parle d’équilibre.
En attendant, je vous laisse avec cette chanson que j’aime bien.
Take care mes Equilibristes,
Sandra